Passer le permis malgré les dissociations

Bonjour !
Je prends actuellement des cours de conduite et ma leçon d'aujourd'hui n'a pas été bonne du tout... J'ai paniqué, dissocié et le moniteur a remarqué que "j'étais pas là".
Je prends des médicaments mais qui n'altèrent pas ou très peu mes capacités à conduire.
Là, c'est de la dissociation que ça vient. Et j'ai peur de ne pouvoir continuer à cause de ça. Avez-vous déjà fait face à ça ? Est-ce une question qui a déjà été posée ?
Ça m'angoisse de ne pas savoir si ça peut être dangereux et compromettre ma mobilité.

Bonjour,

Alors perso, je n'ai pas pu dépasser l'étape du code à cause du TDAH, mais j'ai pu lire pas mal de témoignages sur le sujet.

Il y a des gens qui, effectivement, ont leurs capacités affectées par la dissociation et ne peuvent pas conduire, mais ils sont assez peu nombreux, même parmi les gens qui ont un TDI. Ce sont en général des gens qui ne contrôlent pas du tout leurs switchs, qui ne sont pas suffisamment stables et qui ont des parts enfants / qui ne savent pas conduire qui peuvent prendre le contrôle à tout instant.

La majorité des gens dissociés n'ont aucun problème. Il y en a même qui arrivent, par un miracle quelconque, à préserver leurs compétences de conduite même en pleine crise (je n'encourage absolument pas ce genre de comportement, hein, conduire en étant dissocié n'est pas une bonne idée).

Ceci dit, le contexte a un impact énorme : manque de sommeil, journée déjà stressante, moniteur avec qui le feeling ne passe pas, etc. peuvent augmenter momentanément les niveaux de dissociation et rendre quelqu'un temporairement incapable de conduire.

Ça pourrait être intéressant de se pencher sur *pourquoi* il y a eu cette panique et cet épisode dissociatif. Par exemple, conduire peut être effrayant pour les parts dissociées les plus jeunes (c'est censé être un truc d'adulte !), et leur confusion peut affecter la part au contrôle via l'influence passive.

A savoir aussi que la dissociation peut rallonger le temps nécessaire à l'apprentissage. Il est donc possible que tout ce qui va être création de réflexes, de routines, de mémoire musculaire, etc. va demander plus d'efforts à certaines personnes, ou à certaines parts dissociées.

Du coup, si ça ne fait pas longtemps que tu as commencé la conduite, c'est normal de connaître des moments de dissociation. C'est quelque chose de nouveau, de stressant, qui demande beaucoup d'énergie. Et même si ça fait quelque temps que tu prends des leçons, tant que ça ne sera pas suffisamment familier pour toutes tes parts, il suffira que la journée ne soit pas tiptop pour que le cerveau considère que ça fait trop pour lui.

Si en plus, tu as d'autres troubles qui ont un impact sur la gestion émotionnelle, donc qui augmentent le risque de dissocier, ça pourrait rallonger encore le temps d'apprentissage nécessaire. Mais ça ne rend pas forcément l'apprentissage de la conduite impossible pour autant ! Ça dépend vraiment des gens.

Dans ma famille, par exemple, l'autisme, le TDAH et la dissociation sont présents chez toutes les générations. Je suis la seule qui n'a pas réussi à avoir son code à cause du TDAH, qui ralentit ma vitesse de compréhension des questions (et il n'existe aucune accommodation pour le TDAH). Tous les autres membres de ma famille ont leur permis et conduisent régulièrement. Ils n'ont jamais eu aucun problème lié à leurs troubles.

Travailler l'ancrage (Techniques d'ancrage) et le dé-mélange (articles à venir, mais je peux t'envoyer les brouillons par MP, si ça t'intéresse) peut être une bonne idée, histoire de mieux pouvoir gérer ces épisodes dissociatifs.

Merci beaucoup pour la réponse !
J'ai toujours pas mon code non plus et j'ai beaucoup beaucoup de mal à m'y mettre.
Je progresse très lentement mais sûrement. Je mets du temps à acquérir les réflexes et automatismes mais je progresse globalement.
Ma santé physique affecte aussi ma concentration : j'ai mal, je suis fatigué·e → moins de concentration, plus de disso.
Et ma santé neuropsy... Bah je surcharge vite d'informations, + Le moniteur qui me mégenre (je ne le corrige pas pour pas avoir l'air encore plus bizarre) ou me tapote le bras pour me parler. J'ai horreur qu'on me touche sans prévenir. Ce matin, y'avait tout ça. J'en suis à 16 cours de conduite.
Et le prof pose des questions sur ma capacité à conduire. Par exemple : est-ce que je prends des médicaments qui seraient incompatibles, ou il faut passer une visite médicale avant l'examen sinon on ne me laissera pas, etc.
Il prend en compte mon handicap physique mais pas le psy ni le neuro. Tu as des problèmes de concentration : bah sur la route ça pardonne pas, t'as pas le choix. Je ne choisis pas quand je suis concentré à fond ou pas assez, je ne choisis pas de surcharger à trop d'infos en même temps, je ne choisis pas de mettre plus de temps à prendre les réflexes... Et je sais bien que tout cela est indispensable pour conduire !
Je ne sais pas discerner ce qu'il perçoit de façon juste et ce qui pourrait être à côté de la plaque ou un peu biaisé. Donc je doute de mes capacités.
Je n'ai pas eu de front de parts enfants, c'est de la dissociation ou alors des alters adultes, proches de moi. J'ai des amnésies d'instructions mais je n'oublie pas complètement comment conduire non plus.
J'ai oublié où on allait et le prof a refusé de répéter :/ J'ai oublié une consigne et j'ai eu l'air de la découvrir, il a rigolé ("bah enfin je te le dis depuis le début !"). Je ne le blâme pas, je sais que ça peut passer pour être tête en l'air mais le fait est que ça empire le stress donc la concentration, etc.
Merci beaucoup pour les conseils d'ancrage, je vais regarder ça ! Et je veux bien savoir ce qu'est le démélange aussi

J'ai eu de grosses difficultés à obtenir mon permis, alors que j'ai fait de la conduite accompagnée (donc roulé au moins 3 000 km avant le premier essai). Je l'ai eu du 4e coup, et c'est vraiment parce que j'étais sous béta-bloquants, prescrits par mon généraliste.

Le premier essai, j'ai fait quasiment toutes les fautes éliminatoires et l'inspectrice est sortie de la voiture en pleurant et en criant "Elle ne doit jamais retoucher à un volant !!". (C'était une vraie caricature... Sauf que c'était réel.) Et les 2 fois suivantes, sous béta-bloquant, c'était pas une catastrophe mais j'ai fait quelques erreurs connes qui m'ont mis dedans. Je savais bien conduire et je n'ai jamais eu de problème en condition ordinaire, mais le stress de l'examen m'a fait vriller.

Cela dit, ce n'était pas à cause de ma dissociation, mais de mon trouble du spectre autistique, et des soucis psychomoteurs qui vont avec. J'ai pas de diag de dyspraxie, mais j'ai probablement quelque chose de cet ordre-là. Conduire me demande beaucoup de concentration et me fatigue vite, alors si on me fout la pression, c'est fini, je pleure et je fais n'importe quoi ! Aujourd'hui je conduis rarement, seulement si c'est indispensable. Je n'ai jamais eu d'accident, mon cerveau évite toujours de mettre des parts dangereuses devant. (Même à l'examen, j'ai fait des fautes éliminatoires en théorie, mais j'ai jamais mis personne en danger à un moment. Par exemple : passer sur une ligne blanche, mais dans un endroit où y'a personne et où y'a aucun risque de le faire.)

Du coup je ne peux pas vraiment aider sur la partie dissociation. Hormis sur l'aspect ancrage, mais Dwelt a déjà tout dit. Mais si par hasard tu penses que ça pourrait être lié au stress, le béta-bloquant peut aider. (Avec l'accord du médecin, évidemment.) Ça empêche le corps de partir complètement en live, sans altérer le psychisme et réduire la réactivité. Les généralistes peuvent prescrire ça aux étudiants pour un gros examen, aux conférenciers anxieux...

Oui clairement ya mes neuroA là dedans :/
Trop de consignes, trop de stimuli + stress
Je pars en vrille totale.
Je note pour les médicaments. Je ne sais pas si ce sera compatible avec ce que je prends déjà mais je note d'en parler au doc merci !

Merci pour les réponses

Avec ce que tu dis, ça donne l'impression que la dissociation, ça a surtout été un moyen de gérer la surcharge de stress et le contexte vraiment pas ouf. Surtout vu les autres challenges que tu as à gérer encore en plus à côté. Donc normalement, une fois que tout le reste sera mieux maîtrisé, il n'y a pas de raison que ça vienne te gêner.

Si ça peut encourager, ma mère a un TDAH pire que le mien, elle n'a pas de traitement, et elle a en plus de sérieux soucis d'orientation liés à un possible trouble DYS non-diag ; ça fait 12 ans qu'on habite dans le coin, elle continue de se perdre même avec un GPS, autant parce qu'elle n'arrive pas à s'orienter que parce qu'elle ne peut pas conduire correctement *et* faire attention à mémoriser la route.

Elle a dû repasser son permis plusieurs fois, mais elle a fini par l'avoir, et en 30 ans de conduite, elle n'a jamais eu aucun accident - justement parce que maintenant que ses réflexes sont ancrés, son cerveau peut diriger toute son énergie sur le fait de prêter attention aux dangers.

Donc c'est vraiment à toi d'estimer si tu te sens à l'aise avec l'idée de conduire ou pas. Aussi, 16 cours de conduite, c'est très peu pour n'importe qui. Les 20 cours minimum suffisent rarement à beaucoup de gens. Pour en avoir pas mal discuté avec les gens autour de moi quand j'essayais de passer le code, la moyenne avant de réussir le permis tourne plutôt autour de 30-40h.

Et je rejoins le message de Zecke/Schonfeld. Écoute-toi et prends le temps dont tu as besoin.

Perso, j'ai tenté de passer le code justement parce que moi aussi, tout le monde m'a mis la pression. Pourtant, j'ai toujours su que conduire n'est pas pour moi : le mélange entre mon TDAH et mes traits autistiques n'est pas du tout adapté à ça. J'ai tendance à me focaliser sur une partie de mon champ de vision et exclure le reste pour gérer le surplus de stimuli, je fatigue super-vite ; quand je fatigue, je prends des décisions objectivement stupides, j'ai plus de difficultés à anticiper les réactions des autres correctement, et en plus, comme mon hyperactivité est mentale, je me perds hyper-facilement dans mes propres pensées. A cause de tout cela, juste en tant que piéton, j'ai déjà failli me faire renverser plusieurs fois. Je planifie mes trajets pour avoir le moins de routes possibles à traverser justement pour ces raisons, alors me mettre à conduire...

Mais toute ma famille n'a pas arrêté de me prendre la tête là-dessus, alors j'ai fini par tenter le coup. Le fait que je n'arrive même pas à passer le code parce que le temps pour répondre aux questions est trop court a été une immense frustration pour moi, surtout que j'y arrive très bien lorsqu'on me laisse quelques secondes de plus, mais c'est venu confirmer ce que je pensais : mon cerveau n'est pas fait pour ce genre de trucs.

Et c'est pas grave. C'est contraignant, c'est sûr, mais je préfère être (relativement) en sécurité sur mes deux pieds ou en étant conduite par quelqu'un d'autre, que de me demander quand est-ce que je causerais mon premier accident.

Donc vraiment, suis ton instinct, prends ton temps, et laisse les autres parler. Ils ne sont pas dans ta tête, ils ne sont pas dans ton corps. Tu es la seule personne qui peut estimer si c'est dans tes capacités ou pas ; et le permis est suffisamment difficile à obtenir pour que si tu arrives à le passer, c'est que tu es vraiment apte à conduire.

Et pour le dé-mélange, je t'envoie ça par MP tout de suite

Petit témoignage concernant comment j'ai géré la conduite et le permis.

Entre l'autisme, le TDAH et les troubles DYS notamment dyspraxie, je suis incapable de conduire. J'ai eu des pics de dissociation pour gérer la surcharge mais clairement c'était pas la dissociation qui empêchait la conduite. Je surcharge trop vite sensoriellement, j'ai du mal à coordonner mes mouvements, je j'arrive pas à fixer mon attention sur les stimuli pertinents et je peux me "perdre" à regarder un chat à une fenêtre au lieu de regarder le feu rouge. Passer le permis fut une perte de temps et d'argent pour moi dans ces conditions.

Donc j'ai envie de te conseiller, en plus de l'ancrage démélange etc. de vérifier avec un ergothérapeute si tu as bien les capacités neurologiques pour gérer de conduire une voiture (c'est à dire : pas de trouble dys, pas de troubles du processus sensoriel...). Si c'est possible, évidemment. Sachant que certains troubles peuvent être résolus avec de l'ergothérapie (si tu y as accès) ce qui est toujours ça de stress en moins à gérer quand on est au volant.

Merci pour les conseils, je vois mon médecin mardi, je lui demanderai s'il peut me prescrire une visite chez un·e ergo.
Je dois, de toute façon, passer une visite d'aptitude médicale auprès d'un médecin agréé pour pouvoir passer le permis. Mais je voudrais évidemment savoir au plus vite.
J'ai en effet des problèmes de concentration, je ne peux me concentrer sur plusieurs choses en même temps, ou toute mon attention est sur un ou deux trucs à la fois. J'arrive à automatiser des gestes donc je n'ai plus besoin de me concentrer dessus. C'est juste que ça prend du temps et le prof n'est pas habitué à ça, j'imagine.
Sinon, le gros problème c'est la surcharge. Surcharge d'infos en même temps, de consignes, de remarques, + me toucher + la chaleur+ la luminosité à gérer+ la voix du prof trop basse ou trop forte...
Il dit que je me noie dans un dé à coudre. Peut-être bien mais peut-être aussi que je ne peux pas faire mieux ? Je ne sais pas si je peux encore faire des efforts ou si je suis au max. Des fois les leçons se passent bien, des fois je finis en larmes car c'est trop pour moi. La technique du "secouage" ou du "coup de pied aux fesses" ne fonctionne pas avec moi : c'est 1000X pire ! Mais peut-être qu'il a l'habitude de faire comme ça avec les autres, ou que ça marche avec les plus jeunes.
Et pour les troubles dys, ils ne sont pas diagnostiqués chez moi, à part une dyscalculie évidente. La dyspraxie je ne sais pas si j'en ai ou non. Je pense que c'est probable.
Je suis désolé si je me répète, j'essaie de répondre au mieux et de donner le max d'infos.
J'espère vraiment que je pourrai conduire et je ne perds pas mon temps et mon peu d'économies.

Citation :

La technique du "secouage" ou du "coup de pied aux fesses" ne fonctionne pas avec moi : c'est 1000X pire ! Mais peut-être qu'il a l'habitude de faire comme ça avec les autres, ou que ça marche avec les plus jeunes.

Les coups de pieds aux fesses ne fonctionnent avec personne. C'est littéralement la pire technique d'apprentissage qui soit, parce que ça met le cerveau en état de stress intense. Ca fait au moins quinze ans que la recherche en psychologie cognitive l'a prouvé et que la recherche en matière de troubles d'origine traumatique l'a confirmé.

L'apprentissage est optimal quand on est dans sa fenêtre de tolérance au stress. Ça veut dire qu'il faut qu'on soit challengé, mais tout en se sentant assez en sécurité pour ne pas déborder du cadre de la fenêtre. Si on ne se sent pas assez en sécurité, si nos émotions débordent, on ne peut pas apprendre correctement.

Ces méthodes d'enseignement sont donc complètement dépassées... Et dans certains pays, ça serait considéré comme de la maltraitance, de la violence, de l'abus d'autorité ou du harcèlement. Si tu peux changer de moniteur, n'hésite pas. Celui-là ne te permettra pas de progresser :/

Je plussoie Dwelt par rapport au prof qui a un comportement complètement inadapté.

Edelwenn a écrit:

Sinon, le gros problème c'est la surcharge. Surcharge d'infos en même temps, de consignes, de remarques, + me toucher + la chaleur+ la luminosité à gérer+ la voix du prof trop basse ou trop forte...

Par rapport à ça, la surcharge c'est handicapant. Quand le cerveau est en surcharge de base, pas moyen d'apprendre vu que le cerveau est en état de stress et en état de stress on n'apprend pas. :(

Whaa merci ! Je ne connaissais rien de tout ça. En fait j'aurais dû demander plein de trucs depuis le début !